L’orage tropical qui me retenait prisonnière depuis la soirée Sugar Bowl s’est enfin calmé. Une journée toute entière à attendre que les cieux veulent bien s’apaiser. Les nuages sont encore menaçants, mais il me faut sortir et arpenter pour de bon les rues de Big Easy*. Je commençais à creuser des tranchés, enfermée dans l’India House. Pour ma première vraie journée dans New Orleans, je m’attaque au French Quarter, évidemment. Rendez-vous avec un guide du Jean Laffite National Historic Park and Preserve sur Decatur, une des artères principale parallèle au Mississipi. La fondation propose des tours gratuits à qui arrive suffisamment tôt pour décrocher l’un des vingt cinq précieux sésames. J’ai de la chance, en cette période de l’année, les flux touristiques sont encore raisonnables.
Le guide, un jeune thésard en histoire, a un look mi ranger, mi police montée canadienne. Il nous entraine, moi et mes compagnons de tour, trois couples au moins sexagénaires, à une centaine de mètres de l’institut. Sur la petite place, une statue, trois personnages. Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville, fondateur de la ville en 1718 ; un natif américain, dont le peuple détenait un portage là même où la colonie française commença à s’établir ; un moine missionnaire, représentant de l’Eglise Catholique indissociable de l’Etat français à l’époque. Trois protagonistes qui définissent à eux seuls les origines de la ville où il est recommandé de « laissez les bon temps roulez** ».
L’histoire de New Orleans est rythmée par de nombreux rebondissements et nouveaux départs, d’où la complexité de la raconter. Avant d’entamer son speech, le jeune guide s’excuse par avance de nous présenter un condensé aussi… condensé. Une petite heure, c’est peu. Mais suffisant pour lancer quelques pistes et pousser les visiteurs à chercher plus loin le secret de cette ville qui a résisté aux Français, aux Espagnols, à Napoléon, aux Américains, aux ouragans, aux inondations, aux incendies et autres catastrophes naturelles.
Jusqu’en 1763, la ville appartient aux Français qui, avec l’aide des Indiens, ont appris à dompter le fleuve Mississippi. Le nom du plus vieux de ses quartiers, elle le doit à ses fondateurs. Passé entre les mains des Espagnols grâce au Traité de Paris mettant fin à la guerre de Sept ans, le French Quarter n’a plus de français que le nom. L’architecture si particulière de la capitale de la Louisiane apparaît pendant cette période, lorsque la ville par deux fois, en 1788 et 1794, s’écroule sous la chaleur des flammes. Le French Quarter aurait, selon la légende, échappé au pire grâce au sauvetage in extremis d’un orage aux pluies diluviennes. Briques colorées et balcons de fer remplacent le bois. Les familles installent leurs commerces au rez-de-chaussée de leurs maisons. Des cours intérieurs voient le jour. Jusqu’au jour où Napoléon en 1800 récupère la colonie toute entière. La Louisiane redevient française, New Orleans également. Mais l’Empereur est empêtré dans ses guerres européennes. Il manque de fonds pour financer ses envies d’extension. Les Américains et leur président Jefferson flairent l’affaire : le principal port de commerce dans le Sud du pays et une porte d’entrée sur le Golf du Mexique. Ils proposent le rachat de la colonie. La terre et ses habitants sont cédés en 1803 pour la modique somme de quinze millions de dollars. La Louisiane et sa capitale rejoignent le camp de la bannière étoilée. Good deal.
* Surnoms de New Orleans
** Devise de New Orleans
L’histoire de New Orleans est rythmée par de nombreux rebondissements et nouveaux départs, d’où la complexité de la raconter. Avant d’entamer son speech, le jeune guide s’excuse par avance de nous présenter un condensé aussi… condensé. Une petite heure, c’est peu. Mais suffisant pour lancer quelques pistes et pousser les visiteurs à chercher plus loin le secret de cette ville qui a résisté aux Français, aux Espagnols, à Napoléon, aux Américains, aux ouragans, aux inondations, aux incendies et autres catastrophes naturelles.
Jusqu’en 1763, la ville appartient aux Français qui, avec l’aide des Indiens, ont appris à dompter le fleuve Mississippi. Le nom du plus vieux de ses quartiers, elle le doit à ses fondateurs. Passé entre les mains des Espagnols grâce au Traité de Paris mettant fin à la guerre de Sept ans, le French Quarter n’a plus de français que le nom. L’architecture si particulière de la capitale de la Louisiane apparaît pendant cette période, lorsque la ville par deux fois, en 1788 et 1794, s’écroule sous la chaleur des flammes. Le French Quarter aurait, selon la légende, échappé au pire grâce au sauvetage in extremis d’un orage aux pluies diluviennes. Briques colorées et balcons de fer remplacent le bois. Les familles installent leurs commerces au rez-de-chaussée de leurs maisons. Des cours intérieurs voient le jour. Jusqu’au jour où Napoléon en 1800 récupère la colonie toute entière. La Louisiane redevient française, New Orleans également. Mais l’Empereur est empêtré dans ses guerres européennes. Il manque de fonds pour financer ses envies d’extension. Les Américains et leur président Jefferson flairent l’affaire : le principal port de commerce dans le Sud du pays et une porte d’entrée sur le Golf du Mexique. Ils proposent le rachat de la colonie. La terre et ses habitants sont cédés en 1803 pour la modique somme de quinze millions de dollars. La Louisiane et sa capitale rejoignent le camp de la bannière étoilée. Good deal.
Le « Ranger-Monté » termine son explication passionnante et je peux m’évader armée de ces bribes d’Histoire dans les rues de Crescent City*. Le soleil daigne enfin montrer le bout de ses rayons, ça tombe bien pour la séance mitraillage. Le Vieux Carré* est en fait un rectangle mais bien carré. Des verticales. Des horizontales. Impossible de se perdre. Les fameux balcons en fer forgé portent encore les marques des dernières fêtes de fin d’année. Ils sont tous plus magnifiques les uns que les autres. Fleuris, parfaitement entretenus, ils attendent impatiemment le début des festivités de Mardi Gras, célébrations qui ont fait la réputation de la ville. La matinée est paisible. A mesure que les minutes passent, le French Quarter commence à s’agiter. La Cathédrale Saint Louis, la plus ancienne de tous les Etats-Unis, s’apprête à célébrer sa messe. Les cloches se secouent dans le clocher. Devant l’église, peintres et voyantes s’installent pour démarrer leur labeur. De-ci, de-là, l’on croit entendre instruments à vent et à corde. Je me laisse guider par mes oreilles. Mes premières notes de blues, je les dois à ce vieux noir au chapeau de paille, salopette en jean et pull rouge. Look impayable, passion dévorante. Même ses lunettes ne peuvent cacher le sourire de ses yeux derrière leurs vitres tintées. Sa voix roque et puissante raisonne à l’angle des rues Royal et Toulouse. Un vétéran s’approche et entame le dialogue. Leurs accents à couper au couteau mélangés à leurs rires m’interdisent d’écouter ce qu’ils se racontent. Je poursuis mon chemin. A une autre intersection, mes premières touches de jazz. Un groupe de jeunes se dandine dans la rue réservée aux piétons. Ils ont grandi avec Django. J’ai envie de me trémousser avec eux. Une calèche me coupe la route et me ramène sur terre.
Quelques devantures alléchantes, entre les façades aux tons roses orangés, freinent mon pas. Le croissant d’Or, je ne goute qu’avec les yeux. La Boucherie, comme son nom l’indique, nourrie de café les bouches acheteuses. Des mannequins haute couture en plastique font les belles dans leurs vitrines. La Maison de l’absinthe et son musée ventent les mérites de leur eau mystique. Je m’éloigne plus encore. Les bâtisses changent d’aspect. Façades plus résidentielles que touristiques. Toujours aussi colorées, elles se cachent davantage. Je faufile mon regard à travers les grilles et par dessus les murets. Je rattrape Bourbon street, la fameuse, et reviens sur mes pas. Les bars qui l’habitent sont ouverts, mais vides. Fausse calme, elle soupire en journée avant d’enivrer ceux qui la traverse la nuit tombée.
** Devise de New Orleans
2 commentaires:
excelent....
ca yest je vous ai mis en lien sur mon blog....
@ Julio. Merci beaucoup, c'est vraiment sympa!
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