Visiter Chicago par -30°C demande un minimum d’organisation. Vérification du matériel avant de quitter l’appartement de Tim et Sarah. Pour le bas : collants en laine, grosses chaussettes, jean, chaussures de marche. Pour le haut : Lycra et t-shirt à manches longues, gros pull, polaire, manteau double couche. Pour les accessoires : gants en soie, gants en cuire, écharpe en poils de lama, bonnet, chaufferettes pour les mains.
Première étape, faire le tour du Loop à bord du El, le fameux métro situé à une quinzaine de mètres du sol et qui encercle les buildings rivalisant de hauteur et de technologie. Les fans de la série Urgence sauront le reconnaître. Son tracé donne l’impression d’une ville à plusieurs niveaux. Un peu comme dans le Cinquième Elément. Je prends des forces calorifiques à l’intérieur du El avant d’affronter le palier inférieur.
Pour cette première journée, le temps est peu clément. Aux minus s’ajoutent neige, pluie verglacée et surtout courants d’air paralysants entre les rues étroites du Loop. D’un pas hésitant, je me déplace sur les trottoirs immaculés. Méfiance, la sous-couche est encore gelée. Après quelques hésitations dues à un GPS intérieur défaillant, j’arrive enfin devant l’Art Institute. Ce musée possède entre autres l’une des plus importantes collections de peinture américaine et un bon nombre d’Impressionnistes. Une nouvelle fois je goute avec délice aux faveurs que m’accorde ma carte de presse.
Le musée est immense et son organisation déconcertante. Un vrai labyrinthe ! Je m’accroche de plus belle à mon plan, mais rien n’y fait, je me suis égarée. Demi-niveaux, aile encore en travaux et portes perdues, quel casse-tête ! Mon instinct me guide vers un groupe de jeunes écoliers assis en rond et sur des tabourets pliables devant un immense tableau. La fameuse Rue de Paris, un jour de pluie de Gustave Caillebotte ! Je suis enfin chez les Impressionnistes ! Les apprentis amateurs d’art répondent avec dynamisme et intérêt aux questions de leur professeur. Fin de l’interrogatoire. Dans un froissement et sans un mot, les élèves s’éloignent vers le tableau suivant. Me voici quasi seule. Chez les Américains, je retiendrai le fameux American Gothic de Grant Wood. Ces deux fermiers aux visages fermés, je les retrouverai plus tard dans ma visite de Down Town.
Pause déjeuner en face de l’Art Institute. Un café wifi aux soupes bien chaudes. Rien de tel pour reprendre des forces et patienter jusqu’à la prochaine ouverture. La neige tombe à gros flocons. Le temps est décidément très hostile. Un petit surf, un bon déjeuner et enfin le temps se dégage. Je saute sur l’occasion et fonce à quelques mètres sur le même trottoir vers la Chicago Architecture Foundation. Ils proposent des self-guided audio tour. Comprendre « audio guides ultramoderne type lecteur MP3 pour découvrir seul la ville de Chicago selon une thématique choisie au passage en caisse ». Joker, la voix parlera en français. Le casque est bien calé sur mes oreilles, je saisie les instructions, puis me laisse guider pour la visite des gratte-ciels modernes.
Le froid polaire n’aura pas raison de ma motivation, mais de mes piles ! Chargées à bloc au petit matin, en quelques trente minutes les voilà à plat. Un vendeur à la sauvette me dépanne. Je croise les doigts pour que ces batteries non-rechargeables tiennent jusqu’à la fin de la journée.
Au pied du Federal Center sur Dearborn Street, la sculpture rouge sang d’Alexander Calder étincelle. Le faible soleil frappe les pavés vitrés des immeubles alentours et par effets de ricochet transmet sa lumière au Flamengo vermillon.
Deux blocs plus loin, je me trouve au pied de la Sears Tower, l’emblème de Chicago. Œuvre de Bruce Graham achevée en 1974, la tour est le bâtiment le plus haut des Etats-Unis avec 442 mètres et 108 étages. Il est également considéré comme le deuxième ou le troisième building du monde, tout dépend s’il l’on prend en compte les antennes… Derrière Taipei 101 à Taiwan et Burj Dubaï aux Emirats Arabes Unis.
Je me contenterai d’une observation depuis le sol et en extérieur. Vu le bas plafond et son épaisseur, le panorama est sans aucun doute complètement bouché. La montée au cloché est repoussée au lendemain.
Une fois la Sears Tower passée, le temps se dégrade de plus en plus. Mes doigts gelés tentent tant bien que mal de presser le déclencheur…
(Légendes à venir!)
… Mais le froid ne l’emportera pas ! Ni aujourd’hui et ni demain d’ailleurs. L’architecture de Chicago est une pure merveille. Il faudra bien plus (ou moins) que -30°C pour m’arrêter !
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