San Antonio, Texas. Prochaine escale de mon voyage aux US. L’Etat à l’image certainement la plus stéréotypée que nous, français (et européens), avons de tous les Etats-Unis. La faute à un certain G.W.B. Déjà dans le Greyhound qui me mène à l’ancienne ville mexicaine, des chapeaux de cow-boy, des santiags et des accents à couper au couteau. Le trajet depuis New Orleans n’est pas si long (huit heures), mais mon départ tardif de Louisiane me vaut un beau stop de quatre heures à Houston, entre deux et six au beau milieu de la nuit. Première expérience sympathique du fameux bus gris. 

A commencer par la cuisine, une passion que Diana et moi avons en commun. Ces six jours se transforment rapidement en tour gastronomique et Diana est le meilleur guide qui soit. Pour les mets plus classiques : tacos, quesadillas, guacamole. Mais attention, pas les imitations made in France ou la malbouffe texmex. Maïs et avocat sont tellement plus goûteux. Pour les découvertes : tamales (gâteaux de maïs cuits à la vapeur dans des feuilles de maïs. Idéal pour démarrer la journée), mole poblano (poulet à la sauce au chocolat épicée, préparé par la maman d’Adriana, une autre amie mexicaine de Keele. UNE TUERIE !). Pour se désaltérer sans alcool : agua jamaïca (eau aromatisée à la fleur d’ibiscus), horchata (une sorte de lait de riz, excellent pour la digestion). Et enfin, pour s’abreuver, avec modération : Corona, Margarita et autres cocktails à base de tequila.
Qui dit breuvage, dit fiesta. Là encore, Mexico n’est pas très loin. Diana m’entraîne un premier soir dans un bar flamenco. Une petite sangria et une intense démonstration plus tard, nous voilà dans une boite à quelques pas. Un de ses proches amis est l’un des actionnaires. La soirée est à nous. L’accueil des Mexicanos est incroyable. Nos origines latines communes y sont certainement pour quelque chose. Je commence avec l’anglais, mon castillant est encore trop hésitant. Mais à mesure que la soirée avance, il fait un retour fulgurant. Etonnant. L’occasion d’une petite initiation aux danses latines. Difficile de trouver un cavaillero qui ne sache pas danser. Tous se dandinent avec grâce et conduisent sur rythme naturel les débutantes dans mon genre. J’ai l’impression d’être la reine de la piste. Ce n’est qu’une impression, mais je m’éclate. La soirée se terminera au petit matin… à 6 heures.
Il n’y a pas que la fête dans la vie, il y a la culture aussi.
Les dégâts furent considérables pour la mission devenue camp militaire. La partie qui se visite aujourd’hui est en fait une reconstitution de ce à quoi ressemblait le fort à l’époque. Le jardin, en plein cœur de la ville, est particulièrement apaisant. A la sortie, un Texas Ranger veille. Sa moustache est trop séduisante, la photo s’impose. Mission accomplie Le Gonz’ !
Mon voyage n’aurait pas été le même si je n’avais pas assisté à un match des San Antonio Spurs du Frenchy Tony Parker. En pleine saison de basket, s’eût été un crime ! Nos places sont royales. A mi-hauteur dans un coin. L’on peut pratiquement toucher les joueurs. Ambiance surchauffée dans la salle. A l’entrée du français sur le terrain, la salle se soulève. Impressionnant. Les stars de l’équipe sont toutes là. Show à
Si mon séjour à San Antonio fut culturellement très mexicain, j’ai cependant vécu une expérience bien américaine : franchir la porte d’un magasin d’armes, histoire de me faire ma propre opinion. L’entrée dans le magasin est vraiment effrayante. Je peux à peine tenir un pistolet en plastique alors imaginez moi au milieu des fusils d’assauts, armes de points, magnum géants et révolvers en tout genre. Le propriétaire, sexagénaire, à l’air sympathique. Son regard azur est rassurant. Je me présente : petite française en vacances qui n’a jamais vu pareil endroit et qui souhaite comprendre le pourquoi du comment. Pas de clients derrière nous, il prend le temps de bien nous expliquer les choses.
Tout citoyen américain au casier vierge est en droit de posséder une arme, plusieurs même. Aucune limite de calibre, tout est bon à acheter tant qu’on n’a pas de casier. Et un étranger ? Interdit. Comment on fait pour vérifier ? Avant l’achat, le vendeur passe un coup de fil au service administratif concerné pour vérifier les antécédents du futur acquéreur. Et l’enregistrement des armes, ça se passe comment ? Il n’y en a pas. Constitution oblige. Le premier à enregistrer les armes, c’était Hitler. Merci pour la leçon d’histoire. Passons les questions faciles, on va lui rentrer un peu dedans. Quel est l’intérêt d’avoir une arme ? Protéger sa famille. De quoi ? De personnes malintentionnées. Mais vous ne pensez pas que c’est la libre circulation qui conduit à un climat d’insécurité ? Non parce que dans ce cas là, seuls les méchants garçons possèderaient des armes. C’est le serpent qui se mort la queue. Autre approche. Qu’en est-il de la maîtrise de l’arme elle-même ? Là je touche le point sensible. Le monsieur aux cheveux gris m’explique que si les américains qui possédaient une arme avaient vraiment conscience de la responsabilité que cela entraine et passaient plus de temps à apprivoiser leurs armes, les personnes comme moi n’auraient pas grand chose à redire. Intéressant. Il ajoute qu’un soir par semaine, il prend en charge un groupe de femmes et leur enseigne l’auto-défense. Les premiers cours, ces femmes les passent sans tirer. Il faut d’abord s’habituer à porter une arme. Si tous les vendeurs étaient comme lui… Avez-vous déjà tué quelqu’un ? « Non. Mais j’aurais pu. Une nuit, j’ai entendu du bruit dans ma boutique. Je dors au dessus. Je suis donc descendu et j’ai aperçu une ombre. J’ai eu une seconde pour allumer la lumière et un quart de seconde pour me rendre compte que l’homme qui était entré dans ma propriété n’était pas armé. J’avais le doigt sur la détente, mais je n’ai pas tiré. Je lui ai dit de déguerpir sinon j’appelais la police. J’avais une arme, mais toutes mes années de pratique et mon self-control lui ont sauvé la vie cette nuit-là ».
Nous sommes en désaccord total sur le principe même du port de armes et surtout de leur libre circulation. Mais cet homme, tout aussi dangereux qu’il est à soutenir une cause à laquelle je n’adhérerai jamais, tient plutôt un raisonnement sensé. L’exception qui confirme la règle ? Il me propose d’aller tirer quelques balles dans la salle d’entraînement. « I can’t. It’s against my believes* ». Poli et calme jusqu’au bout, il m’offre une casquette à la place. C’est ça l’Amérique.
* Je ne peux pas, c'est contre ce en quoi je crois











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